Petite pause de senteurs

Nombre de messages : 23 Date d'inscription : 17/04/2008

[ J'espère ne pas me tromper u_u" Sinon je supprimerais ce post >.< ]

Eléa était arrivée, sans savoir comment ni pourquoi, certaines questions étaient difficiles à poser comme à y répondre, dans un jardin.D'abord, où était-elle, du moins dans quelle ville alors là aucune idée. En tout cas, elle était dans ce jardin et les senteurs qui en émanait lui disait d'y rester. Le jardin était calme, visiblement désert car elle n'y voyait absolument personne. Mais bon, elle avança, tranquillement, laissant son odorat développé se régaler des arômes.
Elle se posa tout de même la question de savoir comment ce jardin pouvait être si beau en vue de la ville, non des villes, qu'elle avait traversé dans sa fuite. Une question qui là encore lui resterait sans réponse car personne ne serait à même de lui répondre c'était certain, et de toute façon, il n'y avait personne. Tout ses instincts animaux lui disaient qu'elles ne risquaient rien, mais au cas où, elle regarda tout de même où se trouvait les sorties potentielles, et les pièges éventuels à éviter en cas d'attaque, de fuite ou autre je-ne-sais quoi. Sa faible constitution physique d'hybride ne lui permit cependant pas d'aller visiter d'un coup tout le jardin, et, ne sachant si elle ne risquait rien ou non, bien que ses instincts lui soufflent que tout allait bien, elle préférait rester humaine plutôt que de profiter de sa force de louve. elle décida donc de s'assoir, avisant un petit banc perdu au milieu de toute cette verdure, elle s'y assit.

Une fois encore, elle regarda alentour, ne se lassant pas de regarder, humer, explorer des yeux tout ce qui l'entourait. Elle était bien ici, et les lieux, calme mais chaleureux, lui rappelait de bons souvenirs. Le souvenir de son enfance, calme et chaleureuse elle aussi avant sa fuite. Elle remarqua après un moment d'accalmie dans sa curiosité qu'elle faisait vraiment tâche au milieu de tout ce jardin. La blancheur porcelaine de sa peau jurait sur le vert des lieux. Un sourire étira ses lèvres.
Bien qu'elle eut put faire plus de chemin, sans craindre de se perdre, il s'agissait d'un jardin pas d'une jungle, elle décida de rester sur son banc. Elle aurait quand même aimé la compagnie de quelqu'un se dit-elle. Prenant son lapin en peluche dans les bras, elle se mit à le regarder éperdument. Les souvenirs affluant, elle ne fit rien pour les empêcher de l'étreindre et y trouva un certain réconfort, les lieux aidant. Un moment de calme, puis plus rien, elle avait tout revisité ou bien ?

En réalité, elle avait senti un changement dans l'air, comme si quelqu'un venait de pénétrer ici. Ses yeux, déjà deux fentes noires dans l'océan violet-rosé de ses iris, se rétrécirent un peu plus alors qu'elle tentait de vérifier son intuition. Elle opta pour rester assise, le temps de voir si c'était un tour de ses sens ou quelqu'un qui approchait. Serrant un peu plus son lapin en peluche, elle observa à la dérobée tout les recoins qu'elle croisait du regard.

Thyara était allée se promener pour se changer les idées après la tournure qu'avaient pris les évènements des derniers temps. Elle était alors tombée par hasard sur un magnifique jardin. Un petit panneau un peu rongé l'intitulait "jardin aux mille senteurs". Il portait bien son nom se dit Thyara lorsqu'elle s'enfonça dans la végétation luxuriante. Des fleurs de toutes sortes s'étalaient à perte de vue, faisant comme vibrer leurs parfums au gré du vent.

Thyara s'arrêta un instant pour écouter le bruit des oiseaux. Cela la changeait du sanctuaire, où on manquait cruellement de rayon de soleil.
Un oiseau vint même se poser sur l'épaule de Thyara, qui lui sourit, amusée, avant que sa bague ne se remette à la lancer. Elle l'aurait presque oubliée, celle-ci ! Elle se demanda ce que pouvait bien faire Pillard en ce moment, s'il était occupé comme à son habitude à des missions plus que douteuses, ou encore s'il faisait marcher son charme légendaire, comme toujours. Elle sourit à cette idée et se remit en marche.

C'est alors qu'elle aperçut une fille assise sur un banc. Quel âge pouvait-elle bien avoir ? Thyara n'en savait rien. En tous cas, elle tenait fermement une sorte de lapin en peluche auquel elle semblait tenir plus que tout.

Thyara s'approcha un peu plus de l'inconnue et s'assit sur le banc à côté d'elle.

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Les sens de la jeune fille, plus aiguisés que la normale de part sa nature même, l'avait bien renseignés, au moins étaient-ils utiles de temps à autre. La jeune femme, car Eléa n'aurait su dire son âge, s'avança et s'assit à ses côtés sur le banc. Elle la détailla d'un œil intéressé, curieuse et laissant parler son côté gamin plus qu'autre chose. Les cheveux de l'inconnu encadrés parfaitement son visage et la jeune fille la trouva vraiment mignonne. Bon il était vrai qu'elle n'avait que rarement côtoyés ses semblables et encore moins les autres mais bon. Ne sachant comment engager la conversation, car si elle avait bien un défaut plus pénible que les nombreux autres qu'elle pouvait posséder, c'était son manque de parole. Jamais la petite n'avait su parler, ouvrir son cœur ou plus simplement, engager la conversation et l'entretenir.
Dans une ville où elle ne connaissait strictement rien, ni personne d'ailleurs, cela lui était d'autant plus difficile de savoir par où commencer. Serrant un peu plus son lapin en peluche, comme un enfant qui cherche à défendre ses biens pour ne pas qu'on les lui vole, elle baissa le regard en direction de celui-ci, ne voulant pas mettre mal à l'aise la jeune inconnue. Oh et puis après tout, elle avait si peu l'occasion de voir du monde et puis elle ne savait ni d'où elle venait ni où aller alors pourquoi ne pas se lancer ? Sa petite voix, douce, envoutante comme celle de sa mère, à croire que c'était la marque de l'espèce de celle-ci, elle décida que le mieux serait de se présenter :

"Bonjour."

Son regard rosé tirant sur le violet, ses yeux telles deux fentes noirs perdus dans l'océan de rosé liquide de ses iris se posèrent sur la jeune femme et elle poursuivit sur le même ton, qui lui semblait bien déplaçait à ses oreilles, mais pour lequel elle ne pouvait rien faire :

"Je m'appelle Eléa, et vous ?"

La question avait fusé, à croire qu'elle était curieuse et mal polie. En réalité, elle cherchait juste à la connaitre, peut être à se rattacher inconsciemment à quelqu'un dans cette ville également et plus simplement, à ne pas paraitre hostile. Elle tenta de sourire et caressa de sa main blanche comme la porcelaine le lapin tout aussi blanc et rafistolé qu'elle serrait contre elle.

Thyara qui était occupée à contempler le ciel, d'un bleu azur, fut surprise lorsque la jeune fille lui adressa la parole. Elle se présenta avec timidité. Thyara la trouvait vraiment adorable, elle avait l'air si perdue et pourtant on voyait qu'elle faisait de son mieux. Thyara lui fit un beau sourire:

"Et bien moi, je m'appelle Thyara. Ravie de te connaître. Tu viens souvent dans ce jardin ? C'est vraiment un endroit ravissant, en fait, j'ignorais son existence jusqu'à aujourd'hui et je viens de tomber dessus par hasard."

Thyara voyait que la jeune fille avait l'air assez appeuré, voire plus que méfiant. Cependant, elle ne savait trop que dire pour la mettre à l'aise, ne sachant finalement rien d'Elea, de ses aspirations et de ses intentions.
Il était vrai qu'en Assiah, on ne faisait pas que de bonnes rencontres. Il fallait rester méfiant après tout !

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Bien qu'Eléa semble ne pas la regarder, elle observait attentivement la jeune femme à la dérobée, cherchant à savoir si elle craignait encore pour sa vie ou si tout irait bien. Elle sentait que celle-ci essayait de la mettre en confiance, tout comme elle sentait qu'elle n'avait pas l'air dangereuse, et pourtant, on l'avait si souvent trahie. De plus, ne connaissant rien, ni à la ville, ni aux querelles qui semblaient régner dans ce monde, elle ne savait à qui faire confiance. Entendre le prénom de l'inconnu, très joli d'ailleurs, la rassura, étrange non ? Celle-ci semblait bien plus à l'aise qu'elle même ne l'était, aussi, se décida-t-elle, toujours sur le même ton, à lui répondre. Oui mais répondre quoi ?
En effet, trop en dire pourrait la mettre en danger, et ne pas en dire assez pourrait rendre soupçonneuse la jeune inconnue. Oh et puis à quoi bon, de toute façon, elle était perdue, seule, sans famille ni attache, avec pour seule compagnie celle de son lapin en peluche, alors autant se lancer non ?

"Je ne suis pas d'ici. Je suis tombée sur le jardin par hasard, en faisant confiance à mes sens, et puis j'étais fatiguée alors j'ai préféré m'y arrêter. Je ne connais même pas la ville à vrai dire, de toute façon, je ne connais rien ici."

Elle se tut, consciente que les quelques détails qu'elle venait de donner révélait une bonne partie de son existence. En trois phrases, elle venait de dire qu'elle avait des sens développés, qu'elle était nouvelle dans la ville et qu'elle ne savait rien sur rien. Une proie facile, voilà l'étiquette qui lui collait à la peau en examinant ses dires. Elle réfléchit aussi vite qu'elle put pour rattraper son erreur et ne vit qu'une possibilité, si cela n'était pas trop tard, détourner la conversation. Alors qu'elle songeait à cela, une petite voix lui souffla alors qu'elle était stupide de se méfier ainsi. Elles étaient seules dans le jardin, si la jeune femme avait voulu lui faire du mal, elle l'aurait fait depuis longtemps non ?
A cette simple réflexion, la jeune fille se calma, et son emprise sur le lapin en peluche se desserra. Elle releva la tête, plantant son regard rosé dans celui de la jeune femme et dit, d'un ton qui plaidait l'excuse :

"Désolée, je dois paraitre méfiante mais je suis perdue, je n'ai aucune idée d'où nous sommes ni rien, alors forcément ..."

Elle se tut, laissant sa phrase en suspend. Il était clair que la jeune femme n'était pas méchante, si elle avait été plus maligne, elle l'aurait vu dès le début non ? Et puis, à être méfiant, on s'attirait toujours des ennuis, ce que Eléa redoutait le plus !

Thyara écouta attentivement la jeune fille s'expliquer, puis renchérir, craignant visiblement d'en avoir trop dit, ou pas assez... Thyara passa sa main dans ses cheveux. Elle avait l'impression que son interlocutrice était tiraillée entre la volonté d'avoir une réelle conversation avec elle et la crainte d'être attaquée.
Aussi, pour tenter une fois de plus de la mettre à l'aise, Thyara lui dit:

"Ne sois pas nerveuse, je ne vais pas te faire de mal, n'aie crainte. De plus moi aussi on peut dire que je suis plus ou moins arrivée ici par hasard. Alors comme ça tu viens d'arriver à Assiah. Je comprends que cela ne soit pas évident d'errer dans une ville aussi grande. Tu sais déjà ou tu vas dormir ?"

Thyara ajouta soudain un peu génée:
"Oh, je suis désolée, je me suis permise de te tutoyer, tu ne m'en veux pas j'espère ?"

Elle regarda le lapin et sourit:
"Comment s'appelle t-il ?"

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Cette fois, Eléa en était sure, la jeune femme n'était pas un danger pour elle. Au contraire, malgré son allure étrange et sa conversation quelque peu ennuyeuse voire même pire, elle tentait de la mettre à l'aise et en confiance. Alors ainsi, elle n'était pas la seule à être arrivée par hasard dans la ville, c'était déjà un bon point, au moins elles avaient quelque chose, aussi fugace soit-il, en commun. Elle lui demanda si elle savait où dormir et la jeune fille se rendit compte que pour tout avouer, elle n'y avait même pas songé. Se rendant compte par la remarque que la jeune femme l'avais tutoyée, elle sourit en répondant, d'une voix beaucoup plus sure :

"Ce n'est pas grave, je ne suis pas assez vieille pour qu'on me dise "vous"."

A nouveau elle esquissa un sourire, puis, replongeant son regard dans celui de son lapin en peluche, elle se décida à répondre, quitte à paraitre idiote aux yeux de Thyara :

"Je ne sais pas où dormir, à vrai dire, je n'avais même pas penser à chercher. Et puis comme je ne connaissais personne avant toi ici je pense que ça ne m'avait pas traversé l'esprit."

Elle se tut, se demandant si elle pouvait poser une question à la jeune femme. Tandis qu'elle pesait le pour et le contre de ce qu'elle allait quémander, tout en tachant d'analyser un tant soit peu la réponse ou les réponses que cela suggérait, elle fut prise de court par la question de la jeune femme. Son lapin avait-il jamais eut un prénom ?
Bon, après tout, elle ne risquait rien, et parler de son précieux lapin était ce qu'elle préférait le plus au monde, le seul lien existant entre son passé et son présent. Elle répondit donc, d'une voix sure, douce, fluette, ses yeux se perdant soudainement dans le lointain des jardins :

"Je crois qu'il n'a pas de nom. a l'époque où je l'ai eut, j'étais trop jeune pour parler, et en grandissant, je parlait tellement peu que lui donner un nom m'a paru idiot. Je crois que maintenant, si je devais lui trouver un nom, je choisirait celui de mon père, qui me l'avait offert ... Eliod"

Le dernier mot, à peine soufflé, voila un instant son regard , du moins jusqu'à ce qu'elle reprenne ses esprits. Elle ravala ses larmes, consciente d'avoir beaucoup parlé encore une fois. C'était étrange, elle qui d'ordinaire ne parlait que peu, n'alimentant jamais la conversation, aujourd'hui elle était bien bavarde. Elle eut presque peur soudain que le nom à peine prononcé ne donne une idée de ses origines, et, sa mère lui ayant toujours intimé de faire attention à cela, ce n'était guère rassurant de l'avoir prononcé. Mais en réalité, elle était bien trop déstabilisée, à la fois par les souvenirs qui affluaient et par son étrange volonté à vouloir se confier à la première inconnue, elle finit donc par dire :

"Désolée, je ne parle pas autant d'habitude. Mais tu sais ... si je puis me permettre, saurais-tu ou je peux dormir ?"

En relevant les yeux vers son interlocutrice, elle sourit, l'air un peu bête et les joues imperceptiblement teintée de rose, là encore, une nouveauté.

Thyara fut soulagée d'entendre que le fait de tutoyer Elea ne la dérange pas. C'était étrange, en même temps elle avait l'impression d'être à mille lieues de comprendre Elea, qui paraissait distante, peut être un pue en marge du monde réel. La ville d'Assiah pouvait se montrer cruelle envers une fille de cet âge, tout comme une plus âgée d'ailleurs, se dit Thyara en jetant un vif regard à sa poche dans laquelle elle dissimulait soigneusement sa main.

Elea raconta ensuite brièvement l'histoire de sa peluche. Thyara voyait bien que la jeune fille en était attristée, surement avait-elle perdu ses parents, tout comme Thyara. Thyara reprit alors la parole:

"Je suis désolée que tu aies été séparée de ton père, je suppose à te voir seule ici qu'il n'a guère dû t'arriver d'heureuses aventures ces derniers temps. Mais si cela te gêne, nous n'en parlerons plus."

Il y eut un moment de silence avant qu'Elea, qui semblait une fois de plus se faire violence pour parler, demanda à Thyara si elle connaissait un endroit ou dormir. Thyara hésita. Elle connaissait de nombreuses auberges dans la ville, mais étaient-elles sûres, et surtout accepteraient-elles une cliente aussi jeune ? De plus Thyara se demandait si Elea n'avait ne serait-ce qu'un peu d'argent avec elle.
Quant au sanctuaire...

Thyara prit un air très sérieux:
"Ecoute Elea, une question me titille depuis tout à l'heure. Es-tu une hybride ?"

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Eléa sourit, apparemment, elle n'était pas la seule à avoir eut des ennuis dans le passé, peut-être même à avoir perdu ses parents. Thyara avait raison, mieux valait ne pas en parler davantage, de toute façon, c'était inutile, rien ne changerait le passé et se morfondre la perdrait. D'un geste de la tête, elle balaya les souvenirs et resserra un petit peu son emprise sur le lapin qui se nommait désormais Eliod.
La petite jeune fille mis quelques secondes à voir que sa question, pour elle anodine, semblait faire réfléchir sa compagne de banc. A quoi pouvait-elle bien penser ? Eléa aurait donné beaucoup pour le savoir et le regard sérieux que lui lançant Thyara la fit presque frémir. Alors c'était ça la question, si elle était hybride ... Que répondre, et puis, c'était quoi un hybride ? Il lui sembla bien avoir entendu ce mot quand elle était dans la famille de son père ou de sa mère, sa mémoire lui jouait des tours.

"Hybride, ceux de sang mêlé, tu en es une Eléa, mais tu ne dois pas en parler, c'est dangereux, promet !"

La voix de sa mère lui était revenue en tête sans même qu'elle ne s'y attende. Alors on lui demandant si elle était de sang mêlé, c'était ça la question qui régissait le monde comme le lui avait expliqué sa mère. De ce dont elle se souvenait, car elle n'avait jamais écouté que brièvement, le monde se déchirait entre races pures et hybrides. Ces derniers étaient rejetés si ses souvenirs étaient bons.
Alors maintenant, la question était, pourquoi Thyara lui demandait si elle en était une ? Comptait-elle la livrer, la tuer ... ou pire. Une seconde, Eléa songea à s'enfuir sans demander son reste, mais, avisant le regard sérieux de Thyara, elle se calma et se mit à réfléchir du plus vite qu'elle pouvait. Cela faisait déjà deux minutes qu'elle avait posé la question. En y réfléchissant, Eléa se dit que depuis le début, elle s'était montrée avenante, l'avait mise en confiance du mieux qu'elle le pouvait et de plus, à bien y réfléchir, poser la question la mettait elle aussi en "danger" non ?
Cinq minutes venaient de s'écouler, et pourtant, ce fut d'un ton calme que la jeune fille répondit à son interlocutrice, ses eux la fixant avec tout autant de sérieux :

"Je suis hybride, fille d'un démon et d'une vampire."

Elle n'ajouta rien, laissant Thyara juger de l'importance de cete réponse.

Thyara attendait depuis bientôt 5 minutes la réponse de sa compagne, la voyant réfléchir à son tour. Cela leur faisait un point commun de plus: elles n'extériorisaient pas grand chose et avaient tendance à tout garder pour elles, quitte à en souffrir. Thyara avait de la peine pour cette jeune fille, cela lui remémorait son passé. Il lui arrivait aussi de se sentir perdue, très souvent même. Et pourtant, elle n'avait jamais pu s'adresser à personne sauf à Pillard. Avec du recul, elle aurait beaucoup aimé le rencontrer à nouveau, rire avec lui sans se soucier du fait qu'elle soit hybride, de cette maudite bague dont elle ne pouvait se défaire, ou encore de l'opinion des gens vis à vis d'elle. Mais lui,... ne voulait pas la revoir, il le lui avait bien fait comprendre. Thyara était à moitié perdue dans ses pensées quand Elea la tira de sa rêverie. Elle était hybride: mi démone, mi vampire apparemment.

Encore un point commun, se dit Thyara, en passant sa langue sur ses crocs. Elle jeta un coup d'oeil à gauche et à droite. Elles semblaient toujours seules dans le jardin. Thyara baissa la voix et dit en chuchotant:

"Bien, tu as bien fait de me le dire. Moi aussi je suis hybride, mi ange, mi vampire. Nous les hybrides, habitons dans un endroit particulier..."

Elle haussa à nouveau le ton:
"Je peux t'héberger chez moi quelques temps si cela peut te dépanner... mais ce n'est pas luxueux et mes moyens me permettant tout juste de vivre, il faudra que je trouve de l'argent..."

Elle soupira: toujours l'argent, quel que soit le sujet de la conversation, c'était toujours un problème majeur !
Thyara reprit:
"En attendant, la nuit n'est pas encore tombée... mais dis moi, que comptes tu faire à présent ?"

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Eléa n'était pas sure d'avoir eut raison de lui confier son état d'hybride, mais à entendre la réponse de Thyara, ses doutes s'envolèrent. La jeune fille était comme elle, et elle partageait une moitié que Eléa n'acceptait que très peu. Devoir se contenter du sang pour subsister, c'était la seule chose que la jeune fille craignait et répugnait le plus. En revanche, ce qui la choquait dans la réponse de Thyara était le "tu as bien fait de me le dire", d'autant plus lorsqu'il était accompagné par un regard pour vérifier que personne ne les voyait ou ... ne les entendait. Elle ne put s'empêcher de lui demander, à voix basse, se souvenant des paroles de sa mère :

"Thyara ... pourquoi tu dis que j'ai bien fait de t'en parler, est-ce que ici aussi les gens voudront me tuer ?"

Eléa avait peur que tout recommence, peur de devoir encore fuir pour finir dans une nouvelle ville où elle ne connaitrait encore personne, voir les gens qu'elle appréciait mourir encore une fois.
Une nouvelle remarque cependant attira l'attention de celle-ci, Thyara l'invitait à vivre quelques temps chez elle, mais elle lui parlait d'argent. En petite fille gâtée mais également retirée du monde, Eléa n'avait jamais su ce que c'était vraiment que la notion d'argent. Elle savait juste que cela permettait de vivre, que c'était dur d'en gagner et très facile d'en dépenser. Elle se décida donc à dire :

"Tu sais, je suis jeune, mais si je peux t'aider à gagner de l'argent je le ferais. Et puis je ne dois pas être un fardeau. Et ... et ... et puis je ne veux pas te gêner."

Eléa avait l'air d'une gamine se vantant de quelque chose, elle se tut donc. D'autant plus qu'elle parlait vraiment trop en présence de Thyara. C'était étrange. Une fois encore, elle resserra son emprise sur Eliod, le petit lapin en peluche. Etait-ce bien ce qu'elle faisait ? Se confier comme jamais auparavant à la première inconnue gentille envers elle, lui demander l'hébergement ... Savoir qu'elle était hybride devait-elle la rassurer ? Elle n'en savait rien.
Thyara ne le savait pas mais Eléa était ignorante de ce qui se passait dans le monde, tout ce qu'elle savait, et la jeune fille le lui confirmait, c'était qu'elle ne devait pas dire qu'elle était hybride. Elle se demandait pourquoi tant de complications dans cette simple nature d'être mélangé.

"Où sommes nous ?"

La question avait fusé, à la fois une réponse à la dernière question de Thyara et une simple constatation, Eléa ne savait même pas où elle se trouvait. Elle ignorait tant de choses ...

Après avoir échangé quelques mots avec Elea, celle-ci demanda à Thyara, appeurée, si en Assiah aussi le gens tenteraient de la tuer. Thyara en était sûre, l'histoire d'Elea n'était guère réjouissante, et elle avait été contrainte de fuir à Assiah, comme tant d'autres, compte tenu de ses origines. C'était la réalité, c'était ce contre quoi Thyara se battait. Elle refusait de continuer à voir dans la rue, des petites filles désespérées, sans logis et sans famille. Alors si elle avait la possibilité d'aider Elea, elle le ferait. Que les sangs purs aillent au Diable, ils le méritaient !

"Ecoute Elea, je ne vais pas te mentir en te disant que tu es tombée dans un monde parfait où toutes les races cohabitent pacifiquement, mais ça tu le sais déjà non ? En fait, les gens ne nous reconnaissent pas nécessairement, ne nous acceptent pas forcément. Et certains...sont plus agressifs que d'autres. Il faut tjrs rester sur ses gardes, partout où l'on va, sauf dans la cité des hybrides."

Thyara se demanda alors si ses paraoles avaient choqué Elea, qui ne semblait pas préparée à faire face au monde aussi vite, et de surcroît à un monde aussi cruel et sans pitié. Elea bredouilla qu'elle aiderait Thyara à gagner de l'argent et qu'elle ferait son possible pour ne pas être un fardeau. Thyara était émue par le courage qu'elle se voulait arborer. Elle aussi essayait de faire bonne figure de son mieux apparemment !

"Tu n'es pas un fardeau, tu as juste besoin d'aide, et je comprends très bien. Ma remarque à propos de l'argent n'était pas dans le but de t'exploiter... je veux dire, je ferais de mon mieux, et nous devrions pouvoir manger à notre faim."

Thyara se mordit la lèvre. Elle ne croyait pas en ses propos, mais se devait convaincante. Pour Elea. Elle se demanda ce qu'elle ferait si elle ne parvenait pas à trouver assez de clients... Et si les clients n'acceptaient d'un coup plus sa nature d'hybride. Elle serait dans le pétrin.
Elea demanda alors où elles se trouvaient.

"Nous sommes dans la ville d'Assiah, où toutes les races cohabitent et se côtoient. A priori pacifiquement, mais il y a toujours des exceptions. Assiah est une grande ville où l'on peut se perdre facilement. On n'en a jamais visité tous les recoins, vu toutes les échoppes, rencontré tous les gens. Ai-je répondu à ta question ?"

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La réponse de Thyara, bien qu'elle s'en doutes un peu, la fit frémir. Ainsi, sa mère ne lui avait pas menti, ainsi, même dans cette ville, qui lui avait parut si grande en y arrivant, les gens s'entretuaient pour des questions de races. Elle n'en savait pas plus, n'ayant écouté que d'une oreille distraite les histoires de sa vampire de mère. Etre hybride était donc dangereux, plus que d'être un sang pur. Soit, elle pouvait le concevoir, non, elle se devait de le concevoir pour vivre. Mais quelque chose attirait Eléa dans le discours de sa nouvelle amie, car elle était amie n'est-ce-pas ?, c'était cette cité dont elle parlait. La cité des hybrides, si elle existait vraiment, Eléa avait eut de la chance de tomber dans cette ville, et qui plus est sur Thyara.
Eléa se rendit compte alors que son enfance comme son éducation et sa vie passée ne l'avait pas préparée à tout ça, bien que le discours de Thyara ne la choque pas plus que ça, tout juste de quoi frémir. C'était un frémissement de peur pure et simple, mais pas forcément la peur de mourir, surtout celle de se retrouver face à l'inconnu, à l'incompréhension, se retrouver dans une guerre qui ne la regardait pas, qui n'était pas de son ressort, se sentir faible et inutile. Eléa sentit un peu plus son innocence et son enfance lui échapper au fil qu'elle parlait avec Thyara de leur monde. Malgré la promesse qu'elle s'était faite de ne pas avoir de regrets et de se battre pour vivre, aujourd'hui plus que n'importe quand, elle aurait aimé que rien ne se soijamais produit.

"Je ne connais rien de cette guerre, juste les conséquences et le peu que m'en a dit ma mère enfant. Je savais que les races ne cohabitaient pas pacifiquement mais en voyant mes parents ensemble, je ne pouvais imaginer tout cela ... Je savais un peu que les hybrides étaient mal-aimés car maman m'avait dit de ne jamais révéler ma nature, ce qui n'est pas difficile, de toute façon, ceux qui ne me connaissent pas me prennent souvent pour une sang-pure, une vampire comme ma mère. Je n'ai que peu de caractéristiques démoniaques ..."

Sa voix se tut. Parler ainsi lui en coutait, elle serra Eliod un peu plus, comme s'il était le seul vestige de son passé, le seul vestige de sa vie paisible, sa vie d'avant. Il était le seul vestige, elle était seule. Non, car maintenant elle avait Thyara qui était si gentille envers elle, une inconnue assise sur un banc dans le parc de cette immense ville. Elle, Eléa, qui d'après Thyara ne serait pas un fardeau.

"Si je peux t'aider ..."

Elle sourit timidement. Malgré son jeune âge, elle pouvait travailler, et puis elle ne pourrait accepter de se laisser vivre tandis que Thyara travaillerait pour elles. Mais la jeune femme l'interrompit dans ses pensées, lui expliquant où elles se trouvaient. Assiah, ce nom lui disait vaguement quelque chose, sans doutes ses parents lui en avaient-ils touchés un mot lorsqu'elle était enfant. Peu importait désormais, la petite fille sourit un peu plus et répondit :

"Oui, merci. Je crois que je suis venue une fois, où ma mère m'en avait parlé, je ne sais plus vraiment désolée."

Elle se tut un instant puis, se rappelant qu'elle avait éludé la question précédente de Thyara, elle se décida à répondre, timidement cette fois-ci, les yeux sur Eliod :

"Dis-moi, où peut-on aller ? Rester ici n'est sans doutes pas très bien je suppose, je veux dire aussi longtemps ... On risque d'attirer l'attention des passants .."

Elea connaissait tout de même quelques détails donnés par sa mère précédemment. Heureusement, se dit Thyara, car sans cela, elle n'aurait eu aucune chance de survie. Les assassins rôdaient partout, traquant les hybrides faibles et sans défense. Ils étaient plus faibles que les races de sang pur, et ils le savaient. Mais que faire contre ça ? On ne savait même pas qui engageait ces tueurs, et cela ne dérangeait personne à part les hybrides eux-mêmes.

"Moi aussi, étant enfant, je suppose que j'aurais eu du mal à concevoir qu'on nous pourchasse alors que nous n'avions rien fait qu'être le fruit d'un amour sincère entre deux êtres. Pourquoi ne convenons pas et ne sommes-nous pas 'conformes' ? De toute manière, les choses sont allées trop loin pour que le conflit se termine pacifiquement... Je le sens."

Elea serra à nouveau son lapin, tandis que Thyara profitait du peu de soleil qu'il y avait dans ce jardin. Ca allait être difficile de retourner au sanctuaire, sous terre, sans aucun rayon de soleil. Certes il ne faisait pas mauvais non plus, mais juste froid et vide. Une odeur de mort, voilà comment certains le caractérisaient, et ils n'avaient pas tort. Thyara aurait tout donné pour vivre à la surface, aller explorer des contrées lointaines et perdues... mais ses clients ne lui demandaient que de maigres services qui ne les emmenaient pas bien loin. Enfin, au moins elle avait de quoi vivre, il ne fallait pas trop en demander !

"Je te remercie Elea. Nous ferons de notre mieux toutes les deux ! Je suis sûre que ça ira, si nous y croyons. Les périodes difficiles nous permettent d'en tirer des enseignements et d'en sortir grandis. Ca se passera aussi comme cela pour nous, tu ne crois pas ?"

Thyara sourit. Elea demanda alors si elles ne devraient pas changer d'endroit, de peur d'attirer l'attention des passants.

"Je suis d'accord de me déplacer, mais pour ou ? Tu veux visiter la ville ? De toute façon, il n'y a personne dans ce jardin, alors nous sommes tranquilles. Si tu as d'autres questions, n'hésite pas !"

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Cela se passerait bien, sa mère lui avait dit plusieurs fois ces quelques mots, alors pourquoi rien ne se passait bien autour d'elle ? Elle avait quitté la terre de l'assassinat de ses parents pour découvrir une terre de guerre entre les races. Quelle était l'expérience qu'elle pouvait en tirer de tout cela et comment s'en sortir grandie ? N'y avait-il donc aucun terrain d'entente entre les races ? La jeune fille qu'elle était en était déconcertée. Malgré tout, Eléa acquiesça à la question réthorique de Thyara bien qu'elle ne comprenne comment se sortir grandit de tout cela.
Thyara lui demanda ensuite si elle voulait visiter la ville ou si elle avait encore des questions, ce qui était le cas. Elle se demanda quelques instants si il ne serait pas mieux de visiter la ville tout en les lui posant puis se ravisa. Il se pourrait qu'elles attirent l'attention plus qu'autre chose.

"Je préférais te poser encore une ou deux questions, et après pourquoi pas ..."

Elle sourit timidement, la regardant bien en face de son regard violacé tirant sur le rosé. Plusieurs questions lui vinrent en tête à ce moment-là et il lui fallut plusieurs minutes pour faire le tri entre "celles qui pourraient attendre", "celles qui l'obsédaient" et "celles qui n'étaient pas utiles". Surprise encore une fois par l'attention qu'elle portait à la conversation, et la manière dont elle l'alimentait, elle se demanda ce qui provoquait cette réaction chez elle. Mais elle se lança ensuite, sa voix à présent tout à fait audible et claire, sure d'elle.

"Je me demande, comment est le sanctuaire dont tu parles ? Et puis ... y-a-t'il des hybrides qui se battent pour changer tout ça ? Enfin, tu as bien dit que tu travaillais je crois ... c'est que tu dois avoir un don particulier du à ton hybridisme je suppose, mais dans ce cas, si je veux t'aider, il faut aussi que j'en ai un non ?"

Elle en posait des questions ... mais encore bien d'autres trottaient dans sa tête. Pour le moment, elles attendraient, rien n'était plus utiles que celles qu'elle avait déjà posées. Eléa sourit un peu maladroitement, consciente qu'elle devait être agaçante avec toutes ces questions et son éternelle ignorance. Elle se reprit et attendit patiemment les réponses, laissant ainsi, par son silence, Thyara réfléchir. Eliod dans les mains, elle n'avait aucun mal à ne rien dire, elle était rassurée.

Elea hésita entre sa visite de la ville, qu'elle devait finalement avoir hâte de découvrir -se dit Thyara-, et rester dans le jardin afin de poser des questions à Thyara. Finalement, elle re ravisa et opta pour la seconde option. Thyara sourit, elle s'y attendait un tout petit peu, elle aussi aurait voulu en connaître davantage sur une ville dans laquelle elle ne serait jamais venue et dans laquelle elle se verrait habiter pour un moment. Elle dit donc doucement à Elea:

"Et bien soit, je t'écoute, demande moi tout ce que tu as envie de savoir... Dans les limites du raisonnable bien sûr !"

Elea demanda tout d'abord des détails sur le sanctuaire puis sur la résistance hybride, et enfin sur le métier de Thyara. Thyara considéra muettement les questions. Il lui faudrait éluder le fait qu'elle était espionne pour la résistance, sinon cela risquerait de lui attirer des ennuis. Il était vrai que prendre Elea sous son aile n'était pas la meilleure chose à faire en tant qu'espionne... Mais en tant qu'amie, c'était différente, et puis elle ne pouvait pas l'abandonner ! Elle répondit donc ainsi:

"Le sanctuaire se trouve sous la terre, et c'est là que vivent les hybrides. Il y a un passage pour y accéder qui se trouve dans cette ville, mais personne ne connaît son existence à part nous, les hybrides. Tu ne dois jamais en parler à qui que ce soit, nous sommes d'accord ? Je m'excuse de te le dire aussi fermement, mais nos vies en dépendent..."

Elle baissa les yeux en disant cela, avant de reprendre:

"On peut dire si l'on veut, que tous les hybrides sont un peu en lutte perpétuelle contre cette discrimination. Nous sommes tous en quête d'égalité voilà tout..."

Elle pensa à autre chose et finit par répondre à la dernière question d'Elea:

"En ce qui concerne mon travail, je suis guide d'Assiah, je fais voyager les gens, je les accompagne, mais mon travail ne consiste pas à les défendre, je ne les emmène pas dans des endroits dangereux... Enfin, sauf quend je ne les aime pas..."

Elle rit et ajouta:

"Je plaisante. Voilà en quoi consiste mon travail. Tu pourras m'accompagner sans problèmes. De toute façon, les clients vont et viennent selon leur gré, on ne sait jamais quand des clients vont venir nous trouver, c'est assez aléatoire."

Nombre de messages : 23 Date d'inscription : 17/04/2008

Eléa écouta attentivement les réponses de sa nouvelle amie avec sérieux. Elle imaginait toutes les possibilités qu'elles offraient et ce qu'elles impliquaient, elle en enregistrait le moindre détail. Elle était tellement absorbée par tout cela qu'elle mit plus d'une minute à répondre à la question, pourtant sérieuse, de Thyara. Avec le ton le plus solennel qu'elle trouva, elle répondit que jamais elle ne révélerait quoi que ce soit sur le Sanctuaire.
Le Sanctuaire ... un monde où les ténèbres du noir et du froid remplaçaient la douce chaleur du soleil encore timide ces temps-ci. Un monde où, d'après ce qu'elle comprenait et en imaginait, seuls les hybrides y avaient leur place, seuls ceux qui étaient différents ... Seuls ceux qui lui ressemblaient. Comment comprendre cela quand on est enfant ? La guerre avait toujours été un mot parmi tant d'autres dans l'enfance d'Eléa qu'y être maintenant confrontée été de l'ordre de l'incompréhensible, de l'irréel. Ou étaient ses parents ? Que faisait-elle là ? La réalité appelait la jeune fillette à une vie qu'elle avait encore du mal à s'imaginer. Une question parmi les autres surpassait ce stress invisible ...

"Thyara ... Serais-je accepter au Sanctuaire malgré le fait que je ressemble à un vampire plus qu'à une hybride ?"

Etre acceptée, le monde se résumait donc à cela. Elle s'en voulut de poser cette question car elle venait de recréer la tension originelle de la rencontre des deux jeunes filles alors que quelques minutes plus tôt, Thyara riait de bon cœur. Mais Eléa était vraiment inquiète, à présent cela se sentait.
Sentant un vent froid se lever et voyant le silence se profiler un peu plus chaque seconde, elle se dit qu'il serait sans doutes temps de quitter la tendre chaleur du soleil couchant pour le Sanctuaire dont elle ignorait encore tout.

"Dis ...", elle sourit timidement, ''Il fait un peu froid tu ne trouves pas ? Si on ... si on .. rentrait ?"

Rentrer, le mot était presque douloureux. Elle faisait entièrement confiance à Thyara et laissait à présent sa vie entre les mains de celle-ci, mais pour elle, rentrer signifiait tant d'autres choses. Rentrer c'était la maison, sa famille, ses parents et leur amour presque parfait. Son enfance dans un monde de paix et de tendresse. Un monde qui ici était de guerre et de conflits entre les races.
A son âge, il était difficile de comprendre tout ça, et tellement facile de céder à la panique et à la peur. C'en était presque réconfortant, mais Eléa n'avait pas envie d'y céder. Bien qu'elle lui tende les bras, elle refoula sa peur en regardant Thyara. Sa nouvelle amie était courageuse et lui tendait une main bien plus chaleureuse que celle de la peur. Le chemin serait dur, mais auprès de la jeune fille, elle se sentait bien et en sécurité. C'était bien étrange, elle qui ne s'était jamais liée avec quiconque, qui évitait les contacts et tout ce qui s'y rapprochait, venait de parler et de se faire une amie d'une inconnue. Une amie et sans doutes plus étant donné qu'elle semblait vouloir l'aider et la protéger. Eléa sourit et fini par murmurer, gênée et les joues presque rosies, tranchant avec sa pâleur naturelle de porcelaine :

"Merci Thyara."

Elea, doutant à nouveau, demanda à Thyara si malgré son apparence, elle serait acceptée au sanctuaire. Thyara comprenait ses craintes, elle aussi avait toujours craint d'être rejetée, mais cela ne s'était jamais produit. Le Sanctuaire avait beau être froid et gris, jamais il ne l'avait trahi. Chacun s'était toujours soutenu en ce lieu, du moins c'était l'illusion qu'avait Thyara. Elle voulait que cela soit ainsi de toute manière. Car, si même entre hybrides on ne se soutenait plus, comment survivre alors ?

"N'aie crainte Elea, tout ira bien. Tu n'as pas à avoir peur de ton apparence, au contraire. Elle te permet de te mêler à la foule en Assiah, sans être,trop remarquée. Il est vrai cependant, que certaines personnes sentent lorsqu'on est hybride. J'avoue que moi aussi je l'ai senti quand je t'ai vue, et on ne peut rien y faire... Regarde moi, je suis un vampire et un ange en même temps. Je n'ai ni ailes ni réelle envie de sang... Je ne me mêle pas à la foule comme je l'entends, et pourtant, on m'a acceptée au sanctuaire. J'aide les autres hybrides comme je le puis."

Thyara se demanda quel effet les mots qu'elle venait de prononcer avaient eu sur Elea, cette dernière ne manifestant ouvertement ni joie ni crainte. Elle demanda juste à rentrer, car il faisait froid. Thyara leva les yeux vers le ciel. Pourtant, le soleil brillait toujours, pourquoi Elea avait-elle froid ? Un mauvais pressentiment ?
Thyara dit alors finalement:

"Je veux bien t'emmener,... pas de visite de la ville alors ?"

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Bien qu'elle sembla en douter, les mots de Thyara avaient plus que rassurée Eléa. ainsi il existait une bonne entraide entre hybrides en général, enfin d'après ce qu'elle en comprenait. D'accord, alors elle tenterait de faire de son mieux pour la préserver et aider si elle le pouvait. Elle sourit timidement, une fois de plus, à sa nouvelle amie. Elle repensa également à ses propres capacités d'hybride. Elle n'avait que l'apparence d'un vampire de pur sang, son envie de boire le sang était réduite, d'autant plus qu'elle y répugnait, même si à force elle était bien obligée d'en boire de temps à autre, elle tentait de ne boire que celui d'animaux plutôt que d'innocents. Non, ses véritables dons en dehors des avantages qu'offrrait ceux d'être à moitié vampire, comme la chauve-souris et d'autre, étaient de pouvoir se changer en loup. Dans cet état, elle récupérait une sensibilité et des sens développés comme jamais. Etre loup ... lorsque ses parents avaient disparus, elle y avait songé. Mais le temps n'était pas aux remords ou aux pensées de ce genre car déjà Thyara lui demandait si une visite de la ville lui disait. Elle ne semblait pas ressentir le même froid que la jeune fille.
Reprenant ses esprits, ceux-ci s'étant un peu égarés par ci par là, elle se décida à répondre, ne comprenant pas d'où lui venait les quelques frissons qu'elle avait cru provenir du froid.

"Pourquoi pas une petite visite de la ville. Je ne la connais pas, alors je te laisse le soin de voir ce qu'il y a de mieux à savoir ici."

Elle sourit de plus belle. Eliod dans les bras et Thyara à ses côtés, elle se sentait en paix et en sécurité. C'était étrange et nouveau pour elle car jamais elle n'avait autant parlé à une inconnue et jamais elle ne s'y était ainsi attachée, et aussi vite surtout. Elle sourit encore un peu plus tout en laissant son esprit vagabondé un peu. Elle s'imaginer vivre au Sanctuaire. Sa vie d'avant lui manquerait surement, peut-être plus qu'elle ne lui manquait déjà mais bon.
Regardant le ciel, elle se rendit compte que le soleil était plus haut qu'elle ne l'avait pensé à première vue. Elle avait inventé le froid ou quoi ? Il fallait dire que ses vêtements n'étaient pas non plus forcément très chaud en plus d'être ironiquement très discret. Elle n'avait même pas songé à les changer et ne le ferait pas. Elle attendit ensuite, après ses réflexions très passionnantes, la réponse et les suggestions de Thyara. Elle la suivrait où qu'elle aille, elle ne connaissait rien d'ici après tout et pour aider son amie, il faudrait qu'elle apprenne beaucoup et ... vite.

Elea acquieça à la proposition de Thyara. Elle semblait d'accord et peut-être même enthousiaste pour une visite de la ville. Thyara, de son côté, avait hâte de lui faire découvrir Assiah, qui même si elle ne lui souriait pas toujours, était une ville dans laquelle elle avait passé beaucoup de temps, et, même si elle ne voulait pas l'admettre, à laquelle elle s'était attachée.
Thyara regarda Elea, qui souriait à présent. Thyara était contente d'elle, elle avait enfin réussi à rendre le sourire à son amie, et rien que ce détail lui réchauffait le coeur. Elle sourit à son tour, puis se leva, tendant la main à Elea.

"Alors, pour visiter Assiah, et bien, nous pouvons faire un tour vers la place du marché, ou bien près de la falaise. Sinon, je peux t'emmener au cimetière, mais ce n'est pas très gai comme endroit."

Elle sourit intérieurement, car elle aimait beaucoup passer du temps dans le calme et le silence appaisant du cimetière, où les gens venaient se recueillir et faire une prière dans l'intimité.
Thyara allait poursuivre quand elle sentit un vent se lever. Elle qui maîtrisait le vent, fronça les sourcils. Elle devint même réellement inquiète: ce vent était mauvais, il amenait le mal, le malheur et la désolation sur son passage. Elles se devaient de se mettre à l'abri, coûte que coûte, et le plus rapidement possible. Ne voulant pas inquiéter Elea, Thyara lui dit:

"Je suis un peu fatiguée, cela ne te dérange pas si nous remettons cela à plus tard. Je vais t'emmener au Sanctuaire, si tu veux."

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La place du marché ... la falaise, même le cimetière semblaient de bonnes visites pour connaitre une ville aussi grande que semblait l'être Assiah. Et si elle voulait être d'une quelconque utilité pour Thyara, autant en visiter le plus possible. Alors qu'elle prenait la main de sa nouvelle amie dans la sienne si pâle, celle-ci changea d'air. Du moins en jugea Eléa en l'observant. Comme si quelque chose la contrariait, et elle demanda à rentrer au Sanctuaire. Déçue mais ne voulant pas le montrer, après tout, c'était elle qui avait demandé à rentrer avant de changer d'avis pour une ballade, aussi n'avait-elle pas le droit de dire non. Elle sourit pour lui faire comprendre qu'elle était d'accord.

"Pas de problème, il vaut mieux que tu te reposes. On visitera quand tu te sentiras mieux."

Elle fit mine de s'en moquer, toujours un peu déçue et surtout inquiète de ce changement de situation alors que Thyara avait proposé la visite quelques minutes plus tôt. Mais bon, il se pouvait que la fillette invente quelque chose quant à ce revirement de situation, après tout, elle n'était pas habituée aux gens et à leur comportements. Elle serra un peu Eliod contre elle, avec son lapin et ainsi habillée, non seulement elle n'était pas discrète, mais en plus, elle faisait extrêmement gamine. Ce qu'elle était quelque part. Gamine et novice. Elle se promit silencieusement d'apprendre le plus vite possible. Elle regarda Thyara, ses oreilles de lapin penchant sur le côté tandis qu'elle-même penchait la tête un petit peu, pour enfin dire d'une voix presque étouffée :

"C'est par où ?"

Elle devrait se rappeler du chemin, c'était important, tout comme elle devrait se souvenir à l'avenir. Elle observa une dernière fois le soleil qui cette fois-ci pointait un peu vers l'horizon, comme s'il voulait jouer à cache-cache. La chaleur lui manquerait sans doutes. peu importait. La main dans celle de Thyara, elle se sentait un peu plus forte bien qu'aucun sentiment ne transparaisse sur ses traits. Elle sourit à son amie, ses yeux rosés lui révélaient toute la confiance qu'elle plaçait en elle.

Elea était d'accord de remettre sa visite d'Assiah à plus tard. Thyara fût soulagée de l'entendre, continuant à avoir un très mauvais pressentiment. Quelqu'un les observait-il caché dans le jardin ? Ou alors Elea avait-elle des ennemis qui l'avaient suivie ? Il fallait absolument se rendre au Sanctuaire, et ce, le plus rapidement possible, tout en veillant à ne pas avoir été suivie ! Cela devrait aller, se dit Thyara. après tout, elle avait pris l'habitude de surveiller continuellement ses arrières, alors une fois de plus ou de moins.

Elea demanda par où était le chemin, puis, prête à suivre Thyara, pris sa main. Thyara sentit alors qu'elle avait la responsabilité de faire qu'Elea arrive au Sanctuaire saine et sauve. Elle le lui devait, elle qui lui avait si facilement accordé sa confiance.

Thyara serra la main d'Elea dans la sienne et pour toute parole, se mit à marcher en l'entraînant avec elle hors du jardin aux mille et unes fleurs colorées.

[ >> Sanctuaire]

[Fin du topic]

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